Passage de témoin entre femmes au pays de sainte Thérèse. Entre deux Parisiennes, aussi. En 1989, Yvette Roudy avait conquis Lisieux, 16 000 habitants, alors ville de droite, en jouant des relations que lui donnaient son titre de ministre des Droits de la femme et sa proximité avec François Mitterrand. Aujourd'hui âgée de 71 ans, la même, tout en se représentant pour un troisième mandat, prépare sa succession. C'est à Paris, dans les cercles les plus proches du pouvoir, qu'elle est allée dégoter l'oiseau rare: Clotilde Valter, 38 ans, con seillère de Lionel Jospin chargée des questions de sécurité, qui pointe en troisième position sur la liste, avec option sur la circonscription en 2002. Une transition inattendue entre deux générations, entre deux parachutées et, surtout, entre deux fidélités la mitterrandienne et la jospiniste.
Dans le bureau d'Yvette Roudy, où trône le portrait de l'ancien président de la République, on se demande parfois, à l'écouter, si elle, ce n'est pas lui au féminin. Comme Mitterrand, son regard est souvent absent, fixé sur un point indéfini de la table. Comme lui, elle frotte ses mains, masse ses jointures, manie l'ironie, préserve ses distances. Le soir, au restaurant, elle garde son manteau, fait la moue, raconte les déjeuners à Latche, où le président défunt en savait plus qu'elle sur sainte Thérèse de Lisieux. Et délivre des leçons de politique à l'ancienne, un peu condescendante: «Qu'est-ce qu'ils veulent, les gens? Un maire qui les aime!» Car