Tout le monde ou presque a vu, quelque part sur les routes de France, les «silhouettes de la mort», ces formes humaines en bois peint qui marquent de leur ombre noire les lieux d'accidents mortels. En Gironde, huit personnes sur dix les ont repérées, et celles qui les ont vues ne sont pas restées indifférentes: sept sur dix en ont parlé àÊleur entourage, selon un sondage publié par la mission départementale de sécurité routière.
Panneaux vandalisés. Jus que-là, on s'était rarement pré occupé de l'impact de la signalisation routière: en général, on demande aux automobilistes de respecter les panneaux, pas de commenter les sentiments qu'ils leur inspirent. La préfecture de Gironde, elle, a demandéÊà des chercheurs du CNRS deÊmesurerÊles effets de cetteÊcampagne de prévention. «Pour les silhouettes, le message adressé aux usagers est complexe parce qu'il n'est accompagné d'aucune injonction, ni d'élément immédiat de décodage», explique Georges Aubert, du Laboratoire langage et cognition (Laco) de Poitiers.
Le point de départ de la recherche était de comprendre pourquoi certains panneauxÊavaient été vandalisés et si ces dégradations pouvaient être attribuées à une perception négative par les automobilistes.ÊLe sondage effectué l'an dernier sur un échantillon de 636 personnes montre que ce n'est pas le cas: pour près de deux tiers des usagers, les symboles de bois suscitent intérêt et interrogation, pour l'autre tiers, peur et vulnérabilité. Quelques-uns assurentÊn