Roanne envoyé spécial
Jean Auroux n'a pas la mémoire qui flanche. Son adhésion au PS dans la foulée du congrès d'Epinay de 1971, la campagne de Mitterrand en 1981, le coup de fil de Pierre Bérégovoy lui annonçant son entrée au gouvernement, sa première conférence de presse lançant sa refonte du code du travail. Nostalgique, l'ancien ministre raconte. Il aime à répéter qu'il conserve de l'entregent, qu'il a rédigé un rapport pour le ministre de la Défense, Alain Richard, que François Hollande lui a envoyé un «petit mot gentil»... Et assure que les enfants qui lui montrent son nom dans le dictionnaire l'«amusent». Façon de rabrouer ses camarades qui pensent que sa place est au fin fond du Petit Robert.
Pour celui qui est entré au Panthéon de la gauche en donnant son nom aux lois qui font partie du «socle du changement», selon l'expression de Pierre Mauroy, le temps s'est arrêté en 1997. Etiqueté mitterrandiste, l'ancien ministre du Travail a échoué à récupérer sa circonscription perdue lors du raz de marée de droite de 1993. Il n'a pas survécu au «droit d'inventaire» jospiniste. Son collier de barbe non plus. Le cachet de l'instit' Troisième République, relooké vague rose de 1981, a cédé la place à un léger duvet soigné. Histoire de rester dans le coup.
Camouflet. Car, à 58 ans, Jean Auroux se découvre l'âme d'un dissident. Lui préfère parler d'«alternative». Maire de Roanne (Loire) depuis 1977, il laisse entendre il y a six ans qu'il pourrait passer la main. L'un de ses adjoints