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Libération

Manuel Valls, nettoyeur à Evry

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Pour conquérir l'ex-ville modèle du PS, il a imposé de nouvelles têtes.
publié le 5 mars 2001 à 23h52

L'ambition politique passe parfois par l'éloignement de Paris. Dans quinze jours, Manuel Valls, 39 ans, renoncera à son bureau au premier étage de l'hôtel Matignon ­ où il sera probablement remplacé par Yves Colmou (lire ci-contre) ­ pour s'en aller diriger une ville de banlieue sans attrait apparent.

A Paris, il conseillait le prince. A Evry, il va devoir se mettre à l'écoute des plus démunis, gérer les tensions, affronter le sentiment d'exclusion. Mais surtout, là-bas, il se forgera un fief à lui, tremplin pour le destin national dont rêve ce jeune homme, déjà premier vice-président du conseil régional Ile-de-France et membre du bureau national du Parti socialiste.

Depuis une quinzaine d'années, Manuel Valls trimballe son visage d'enfant sage dans les allées de la politique. A 26 ans, il était déjà conseiller de Rocard à Matignon. En 1997, il échoue à s'emparer de la circonscription d'Argenteuil, tenue par... Robert Hue! Quel ques jours plus tard, lorsque Jospin lui propose, en lot de consolation, d'être son porte-parole à Matignon, il lui fait cette promesse: «Tu ne peux pas rester à Argenteuil. Il faudra qu'on te trouve autre chose.» Ce sera Evry.

Grand ratage. Evry, c'est d'abord l'histoire d'un grand ratage. Ville de pionniers où l'on venait habiter par choix, la cité a vu son parc immobilier se dégrader dans les années 80. En 1995, dans le miroir des télévisions, elle se découvre ville à problèmes. D'un coup, le modèle urbanistique et politique vole en éclats. Les premie