Dans le XIIIe, Chinatown n'existe pas. Sur le plan électoral, tout au moins. C'est l'un des paradoxes de cet arrondissement qui abrite la plus grande communauté asiatique d'Europe. Implantés depuis un quart de siècle, les Chinois restent toujours à l'écart des enjeux politiques locaux. A une exception près, on ne trouve pas d'«Asiatique de service» sur les différentes listes.
«Difficile de savoir combien de Chinois vivent dans le XIIIe», reconnaît le géographe Pierre Picquart, qui étudie ce quartier depuis près de dix ans (1). «Sans doute entre 30 000 et 40 000, c'est-à-dire 20 % de la population de l'arrondissement. Les deux tiers d'entre eux doivent posséder la nationalité française.» Un poids politique important... s'ils étaient inscrits sur les listes électorales. «Sur les 90 000 électeurs, il n'y a pas plus de 2 000 noms asiatiques», indique le maire RPR sortant, Jacques Toubon. Deux mille électeurs, autant dire presque rien.
«Nous ne nous impliquons pas trop dans la politique», explique Buon Tan, vice-président de l'amicale des Teochew, la principale organisation communautaire du quartier. «Les gens n'ont pas l'habitude d'aller chercher de l'aide à l'extérieur. Il y a souvent la barrière de la langue et le fait que les gens se consacrent d'abord à leurs affaires», ajoute-t-il. «Ce n'est pas un ghetto mais ce quartier a connu un véritable développement séparé, résume Pierre Picquart. Il faut tenir compte des traditions taoïstes et confucéennes. D'un côté, le respect des a