Si Lionel Jospin décide, après une ultime réunion demain avec les ministres concernés, de laisser la Sécurité sociale assumer le financement des 35 heures, le Medef claquera définitivement la porte de la caisse nationale d'assurance maladie et de l'assurance vieillesse. C'est ce qu'Ernest-Antoine Seillière a annoncé hier dans une lettre envoyée au Premier ministre. Le 28 février déjà, Bernard Caron, président de l'Acoss (organisme assurant la répartition des financements entre les caisses de Sécurité sociale), avait adressé à Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi, une lettre lui faisant part du mécontentement des partenaires sociaux sur ce point.
Deux ans après le vote de la seconde loi Aubry sur les 35 heures, le fonds qui devait assurer le financement des allégements de charges (Forec) n'a en effet toujours pas été créé. Il est vrai que le Conseil constitutionnel a invalidé l'écotaxe qui devait l'alimenter. Résultat: l'Acoss finance les allégements sans recevoir de compensation.
Ce manque à gagner se chiffre déjà à plus de 13 milliards de francs (1,98 milliard d'euros) pour 2000. Et «les prévisions pour l'exercice 2001 font apparaître la perspective d'un nouveau solde négatif de l'ordre de 17 milliards de francs, relève le président du Medef, dans sa lettre à Jospin. C'est donc en réalité les fonds normalement affectés au financement des prestations d'assurance maladie, d'assurance vieillesse, d'allocations familiales et d'accidents du travail qui se trouvent détournés de l