Les élections municipales et cantonales devaient constituer, pour l'extrême droite, l'épreuve de vérité, après deux années de lutte fratricide entre FN et MNR, ce dernier jouant tout simplement sa survie. Or, aujourd'hui, le constat s'impose: ces scrutins assurent aux deux formations les moyens de durer, dans la division. Les deux partis ont certes des cadres souvent démoralisés, des élus en moins grand nombre, une couverture territoriale élimée, des scores rétrécis. Mais ces élections démontrent qu'au moins deux tiers des 15 % de Français qui votaient pour le FN à son apogée sont toujours disposés à soutenir l'extrême droite dans les urnes. Avec le Vlaams Blok flamand, le FN et le MNR sont les formations nationalistes xénophobes les mieux enracinées d'Europe au plan local, et seule une illusion d'optique peut permettre de dire que l'extrême droite est morte: si sa division maintient nombre de listes en deçà des 10 %, l'addition des scores des deux partis dans beaucoup de villes prouve une progression par rapport à 1995.
L'avenir de l'extrême droite française existe. Tout d'abord parce que, paradoxalement, la scission a permis, en particulier au MNR, l'émergence d'une nouvelle génération de jeunes cadres, souvent idéologiquement radicaux qui, comme leurs aînés issus de la «nouvelle droite» ou des groupuscules nationalistes, sont habitués aux «longues marches» vers la reconnaissance, savent inscrire leur militantisme dans la durée, savent investir les villes qui sont des «terr