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Libération
TRIBUNE

Un vote contre la «gauche d'en haut»

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Les résultats des municipales le prouvent, les dangers qui guettent l'équipe Jospin sont l'usure du pouvoir et les dissensions dans la majorité plurielle.
publié le 23 mars 2001 à 0h10

L'électeur vote rarement en songeant aux enseignements que journalistes, politologues et responsables tireront de son acte. Pour éviter toute surinterprétation d'un scrutin, mieux vaut partir de la question précise posée aux citoyens. Les 11 et 18 mars, ils ont choisi leur maire bien plus qu'ils n'ont arbitré entre la droite et la gauche. Une lecture politicienne des résultats, où la vague bleue a remplacé la vague rose annoncée, ne rend pas compte de l'apparente contradiction entre les succès socialistes à Paris et à Lyon et ses défaites en province. La plupart des basculements de villes, quel qu'en soit le sens, s'explique bien plus par une combinaison de deux règles très simples. La première veut que l'électeur finisse par remercier une équipe usée par le pouvoir. La seconde le conduit à sanctionner le camp qui sombre dans la division.

Ces vérités n'ont pas une validité purement locale. A une époque où les comportements électoraux sont moins lestés que naguère par des facteurs idéologiques, elles pèseront sur les échéances nationales de 2002. Au terme d'un quinquennat entier avec un gouvernement dirigé par le même homme, la gauche jospinienne risque d'être sujette à l'usure. La résistance de la popularité gouvernementale n'offre pas une garantie de succès à l'heure des choix électoraux. La gauche souffre d'être assez structurellement minoritaire dans le pays: 47 % des suffrages exprimés au premier tour des municipales, 46 % aux législatives de 1997. Elle est encore menacée