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Libération

Chirac se dérobe au juge Halphen

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Le Président se retranche derrière la Constitution. Une défense politique, juridiquement contestable.
publié le 29 mars 2001 à 0h14

Ils sont nombreux à avoir planché sur la question. Six juges d'instruction de la région parisienne ont eu l'occasion de s'arracher les cheveux sur l'interrogation juridique la plus fameuse du moment: Chirac peut-il être entendu comme témoin? Tous ont refusé: «prématuré», «pas opportun», «vide juridique». C'est donc le septième, Eric Halphen, juge d'instruction de Créteil, qui y est allé. En envoyant vendredi une convocation au chef de l'Etat comme «témoin», afin d'éclairer la justice sur le dossier des HLM de Paris, le magistrat a décidé de faire «comme si». Comme si Jacques Chirac était un citoyen comme les autres. Jusque dans l'emploi de la formule standard: «Si vous ne comparaissez pas, l'usage de la force publique pourra être employé.»

Au saut du lit. Cette convocation, une première dans l'histoire judiciaire, est arrivée mardi matin. Jacques Chirac a d'abord cru pouvoir faire le dos rond. Mais hier, à 4 h 11 du matin, la dépêche de l'AFP tombe: «Le juge Eric Halphen convoque Jacques Chirac, selon le Parisien.» Un électrochoc pour le permanencier de la présidence, qui appelle aussitôt les conseillers en communication, qui réveillent le secrétaire général Dominique de Villepin, qui sonne le conseiller des affaires judiciaires, Jean-Claude Antonetti. Tous se retrouvent un peu plus tard à l'Elysée. Pas une minute à perdre. Les radios font déjà le siège du château et réclament une réaction. Le communiqué, pensé la veille, mais remis à plus tard, est rédigé à la hâte. Et soumi