Le juge Eric Halphen n'est pas un joueur d'échecs. Il était plutôt rugby à l'école. Puis le foot a pris le relais (1). Sa stratégie judiciaire se résume souvent à trois mots : «prendre la balle». Depuis le démarrage de l'affaire des HLM de Paris en 1994, il n'a cessé de foncer sur l'adversaire. Trop impulsif, selon ses détracteurs. Après avoir taclé Jean Tiberi, l'ancien premier adjoint au maire du temps de Chirac, raté Michel Roussin, l'ancien directeur de cabinet, et Louise-Yvonne Casetta, la trésorière officieuse du RPR, il cible aujourd'hui le gardien de but: Jacques Chirac. L'objectif n'est pas absurde. Lorsque le juge a hérité du dossier, le futur président de la République était encore maire de Paris.
«Aveux» attendus. Agé de 41 ans, auteur d'un polar intitulé Bouillottes, Halphen a de l'humour, et rien d'agressif dans son style. Ce qui ne l'empêche pas de foncer dans le tas, parfois. En septembre, il s'est emparé d'un exemplaire de la cassette des confessions posthumes de Jean-Claude Méry au siège de l'agence Sunset. Méry, ancien membre du comité central du RPR, décédé en 1999, était son prévenu phare. Il l'avait fait incarcérer pour des fausses factures, en septembre 1994. Découvrant que l'original de la cassette avait été confié à Strauss-Kahn, Halphen a convoqué illico l'ex ministre. Sans en tirer grand-chose: l'original était «égaré». Mais le juge peut désormais visionner les «aveux» qu'il a tant attendus et n'a pas pu recueillir du vivant de Méry