La reconquête des «milieux populaires» passe-t-elle par un gros coup de pouce sur le Smic? Samedi, Lionel Jospin invitera ses ministres à réfléchir à cette question politiquement et économiquement ultrasensible. Les échanges promettent d'être vifs. Laurent Fabius, ministre des Finances, est résolument contre, et l'a fait savoir. Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi, est au contraire plutôt favorable à une détente salariale. Tout comme les ministres communistes, qui devraient soutenir sans état d'âme une revendication majeure de leur parti.
A quelques mois de la présidentielle mais aussi des législatives, le Premier ministre n'ignore pas que, à gauche, la pression est montée d'un cran ces dernières semaines. Secoué par sa déroute aux municipales, le numéro un du PCF, Robert Hue, réclame avec insistance un geste en faveur du pouvoir d'achat des bas revenus. Sachant son allié privilégié en mauvaise posture, Lionel Jospin pourrait vouloir l'aider en lâchant du lest sur le Smic. La tentation est d'autant plus forte que les socialistes sont de plus en plus nombreux à militer pour un relèvement. Au point que l'aile gauche du PS se sent pousser des ailes.
Sans attendre l'intervention de Lionel Jospin devant le conseil national, mardi dernier, le député PS de l'Essonne, Julien Dray, avait la veille appelé le gouvernement à donner «un signe» aux électeurs de gauche «à l'occasion des négociations salariales de la fonction publique comme dans le cadre plus général du Smic». Hier, à l'As