Cannes envoyé spécial
En ce printemps 2001, un spectre hante la République, François Mitterrand. L'hebdomadaire le Point consacre sa couverture à un livre de Georges-Marc Benamou qui dépeint l'ancien président finissant sous les traits d'un nostalgique du régime de Vichy se plaignant des agissements d'un énigmatique «lobby juif». France 2 diffusera, à partir du 3 mai, un long documentaire de cinq épisodes retraçant les «conversations avec un Président» de Jean-Pierre Elkabbach (1). Le vingtième anniversaire de la victoire de la gauche en mai 1981 sera ainsi célébré par la mise en scène d'un «Mitterrand vivant» qui «parle pour plus tard». «Alors, ce sera diffusé après ma mort», avait-il répliqué lorsque le journaliste lui avait expliqué que les enregistrements, effectués en 1993 et 1994, ne seraient rendus publics qu'après son départ de l'Elysée.
Ambiguïtés allusives. Les conditions particulières de ces conversations pouvaient laisser espérer quelques révélations. Il n'en est rien, du moins pour le premier épisode présenté hier à Cannes au Marché international des programmes de télévision (MIPTV). Mais c'est précisément cette étonnante fidélité de Mitterrand à son personnage qui fait la force de ce document. Alors qu'il n'a rien à craindre de l'utilisation de ses propos, le vieux Président ne se départ pas de sa méfiance congénitale, de ses ambiguïtés allusives et de son rapport de souveraine liberté à la vérité. Les gros plans de la loupe télévisuelle soulignent crûment la tra