Cambremer envoyé spécial
Soudain, sa langue a fourché. Normal, après tout: le président Chirac parlait agriculture. Au milieu d'une phrase anodine prononcée vendredi matin, il lâche: «J'en ai fait des conseils (agricoles européens, ndlr) avec différentes cassettes, euh casquettes...» Comme la veille avec cette terrible sentence venue de la foule: «Chirac en prison!» (Libération du 6 avril) , le mal est fait. Quand l'ancien maire de Paris prononce «cassette» plutôt que «casquette», tout le monde pense aux confessions posthumes du promoteur immobilier et financier du RPR, Jean-Claude Méry, enregistrées en format VHS.
Hormis ce lapsus, le film de la seconde journée normande du chef de l'Etat a été parfait. A Cambremer, la capitale locale des appellations d'origine contrôlée, les fameuses AOC, il tient une «réunion de travail» sur l'agriculture de qualité. Toute l'aristocratie rurale du coin est invitée dans l'ancienne grange à dîmes du village. Jusqu'au matin même, la Confédération paysanne, qui a tout de même obtenu 22 % aux élections professionnelles de janvier, n'était pas invitée. Son porte-parole départemental, Lin Bourdais, avoue avoir dû «insister auprès du préfet pour pouvoir venir». Il obtiendra un strapontin: une chaise dans le public. Hors de question qu'il s'assoie à la même table que le Président.
Lequel, adossé à une superbe cheminée, chausse sans état d'âme ses bottes de relais de l'autre syndicat agricole, la FNSEA. Mercredi, depuis les Sables-d'Olonne (Vendée),