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Libération
Portrait

Gérard Jugnot. Gris sourire

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Gérard Jugnot, 49 ans. Ex-potache et éternel Français moyen à l'écran, il mûrit son rôle de réalisateur et sort son septième film.
par Hervé AUBRON
publié le 16 avril 2001 à 0h29

On ne devient probablement pas par hasard l'homme ordinaire le plus célèbre de France. On ne parvient pas comme cela à incarner la moyenne, à lui donner une bouille, un nom, une vie. Gérard Jugnot a l'air de beaucoup travailler. Démarche volontaire, mine concentrée, presque fermée. «Ça chauffe un peu cette semaine.» Tournage de nuit pour une apparition en guest-star. Préparation de son huitième film en tant que réalisateur. Promotion, télé après télé, de Oui, mais..., dans lequel il joue.

Tête d'affiche des sans-grade, il est celui qui, parmi les anciens du Splendid, a réalisé le plus de films. Sempiternelles aventures de M. Tout-le-monde: gardien de la paix, chef scout, chômeur, touriste coincé dans une guerre, embringué dans une secte... Dans le prochain, il veut parachuter son Français moyen sous l'Occupation. Encore et toujours des types ordinaires, un peu faibles, un peu mous, un peu tristounets, en quête d'amour. «Bizarrement, j'ai une image un peu lisse.» Aucune discordance, tout le monde est d'accord: «Gérard est un type simple.» Pas besoin de questions, le voici déjà lancé pendant dix minutes, professionnel, sérieux, à parler de tout, de rien. Pas vraiment de lui. Il alterne rondeurs poupines et volontarisme carré, bonhomie affable et assurance presque froide. Sa tête du moment est celle d'un dodu Méphisto, couronne de cheveux teinte en noir et barbichette. Etats d'âme bien cachés. N'importe qui ne peut pas être M. Tout-le-monde.

M. Tout-le-monde aurait pu devenir M.