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Libération
Portrait

Gérard Collomb, la victoire de Sisyphe

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A 53 ans, on le disait éternel perdant. Il a décroché la mairie de Lyon et sa communauté urbaine.
Gérard Collomb, à Lyon, en 2014. (Photo Jeff Pachoud. AFP)
publié le 21 avril 2001 à 0h32

Sa victoire aux municipales n’a pas fait chavirer la ville. Craignant d’avoir Charles Millon à la mairie, les Lyonnais se sont rabattus sur Gérard Collomb, élu maire par défaut. Il était là depuis longtemps, avait pris soin de «coller à l’âme de cette ville». Centriste et humaniste, fraternel et discret. Candidat depuis 1977, le socialiste n’effraie plus, mais ne fait pas rêver. Vingt-cinq années passées à conquérir une ville vous forgent une solide réputation de perdant. Il traîne une image un peu lisse, falote, adore Eddy Mitchell et les déjeuners en famille, les balades dans le Vercors et les vacances à La Grande-Motte. Et, en pantoufles devant la télé, James Bond et Nestor Burma. Il en rajoute volontiers dans le rôle du citoyen ordinaire, du représentant du peuple simple et méritant, affichant défauts et faiblesses. Un homme jovial et accessible, habitué aux seconds rôles. Le Gérard Jugnot de la vie politique lyonnaise.

Il se rêvait pourtant rock star, la guitare en bandoulière devant des foules admiratives. Il chante plutôt bien mais se cantonne aux maisons de retraite, lors des campagnes municipales. L’ivresse, il ne l’a vraiment connue qu’une fois, au Nicaragua, au début des années 90. Secrétaire général de la fondation Jean-Jaurès, il était invité par le Front sandiniste. Il y avait 40 000 personnes regroupées à Managua pour écouter leur chef, Daniel Ortega. Un journaliste présent raconte : «On a présenté “Gerardo Collombes”, il leur a juste dit bonjour et i