A croire que pour Jean-Pierre Chevènement l'avenir c'est l'inconnu. En avril 1999, en pleine guerre du Kosovo, le président du MDC (Mouvement des citoyens) citait le chancelier allemand Theobald von Bethmann-Hollweg à la veille de la Première Guerre mondiale: «Wir springen im Schwarz.» Littéralement, «nous sautons dans le noir». Il a repris la formule textuellement hier, à propos de l'arrivée de l'euro, en janvier prochain. «Je m'adresse aux autorités politiques et monétaires françaises et européennes pour demander le report de cette conversion forcée», a-t-il dit lors d'une conférence en présence de la direction du MDC. Pour éviter tout procès en ringardise, le député-maire de Belfort a pris soin de préciser qu'il n'exigeait pas «le report de l'euro». «L'euro est là», a-t-il noté, relevant ses «avantages techniques et politiques», dont celui d'avoir «créé une zone de stabilité». Et, pour se faire bien comprendre, il a cité ces «personnes fragiles, la grand-mère, le malvoyant, le travailleur migrant», qui auront du mal à «diviser le prix de la baguette ou du litre de lait par 6,55957», cours de l'euro en francs.
Après la Corse, c'est donc sur l'un de ses autres terrains privilégiés, l'Europe, que Jean-Pierre Chevènement prend Lionel Jospin de front. «Ne jouons pas les Drs Folamour», a-t-il ajouté, vantant sa proposition, «bouleversante par son bon sens même». Et s'il ne mesure pas l'impact de l'arrivée de l'euro sur l'attitude des électeurs à quelques semaines de la président