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Libération

Une loi soumise aux précipitations sociales

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Plusieurs fois promis, le texte varie au gré de l'actualité.
publié le 25 avril 2001 à 0h34

Ce n'est plus un projet de loi, c'est un sismographe. Complété hier par les amendements Guigou sur les licenciements (lire ci-dessus), le projet de loi sur la modernisation sociale, visant à durcir la législation sur le travail précaire et les plans sociaux, constitue un étonnant thermomètre politique. Quand tout va bien pour le gouvernement, le texte est mis en sommeil. Quand le climat social se tend, il est exhumé. Quitte à changer de périmètre et de contenu. Une valse-hésitation qui dure depuis dix-huit mois ­ un record dans le genre.

Expiation. La préhistoire de ce texte remonte à juin 1997. Alors qu'il vient d'entériner la fermeture de l'usine Renault de Vilvorde, Lionel Jospin, dans son discours de politique générale, annonce une loi destinée à «réexaminer» la législation sur les licenciements. Après l'été, tandis qu'il lance la privatisation partielle de France Télécom, il réitère son engagement en des termes étrangement actuels: «Les licenciements économiques sont encore trop souvent la seule variable d'ajustement des entreprises [...], cela même lorsqu'elles dégagent des bénéfices.» Mais, très vite, estimant avoir donné assez de gages à sa gauche avec les 35 heures, il enterre l'idée.

Le débat resurgit en septembre 1999, avec les licenciements chez Michelin. «Il ne faut pas tout attendre de l'Etat»: d'une certaine manière, les multiples avatars de la loi de modernisation sociale ne sont que la longue expiation de cette phrase malheureuse. Pour l'effacer, Lionel Jospin