Patrick Henry, tueur d'enfant, remis en liberté après un quart de siècle d'emprisonnement! Une information qu'on reçoit comme un coup à l'estomac. Surtout lorsqu'on est assez âgé pour se remémorer l'affaire: le cynisme de l'assassin, feignant de participer à la recherche du coupable pendant l'enquête, lui promettant même la mort. L'écoeurement au cours du procès. C'est dire que la libération de Patrick Henry nous frappe à la croisée de nos contradictions: l'horreur inspirée par un crime quasiment gratuit, la peur d'une monstrueuse récidive et ce principe, largement partagé tant qu'on ne doit pas l'appliquer à un cas concret, selon lequel aucun être humain n'est définitivement irrécupérable, à condition de lui en offrir la chance au bon moment.
Ce moment était-il venu pour Patrick Henry? Tous les éléments dont on dispose, notamment les témoignages de tous ceux qui ont été proches de lui, autorisaient à répondre par l'affirmative depuis plusieurs années: l'homme d'aujourd'hui, qui a mené tout un parcours universitaire du fond de sa prison, n'a rien à voir avec le criminel quasiment ignare de janvier 1976. Telle a été également l'opinion des trois magistrats de la juridiction de Caen qui ont eu à se prononcer sur sa demande de libération conditionnelle, en vertu de la loi en vigueur depuis le 1er janvier.
Ce texte en choquera plus d'un mais il est bénéfique puisqu'il élimine l'émotion publique du processus de décision. Une émotion, ancrée dans l'horreur du crime passé, qui était