Un petit bar en bois, genre saloon. Un coin cosy avec un canapé et des fauteuils. On y sert du café, des gâteaux faits... prison. Nous sommes au centre de détention de Caen, où était incarcéré Patrick Henry, et les détenus se réunissent ici. Pierre et son équipe sont responsables du lieu. Grâce à l'atelier vidéo, ils y invitent des politiques, des journalistes ou des travailleurs sociaux, dont les interviews sont diffusées sur le canal interne de la prison. Mélangeant détenus et acteurs professionnels, les condamnés ont tourné un film sur les risques de transmission de l'hépatite C, diffusé dans les prisons. Et ils ont en projet un autre documentaire sur la sortie de prison. Pierre a été condamné à la perpétuité, comme Patrice, Philippe, Gérard, Gérald ou les deux Alain. Avec l'autorisation de Jean-Louis Daumas, directeur de l'établissement, Libération a rencontré durant deux après-midi et, fait exceptionnel, sans membre de l'administration, une vingtaine de ces condamnés à de longues peines pour discuter de l'enfermement, des perspectives de sortie et de la loi pénitentiaire. Il avait été convenu de respecter leur anonymat et de ne pas divulguer les motifs de leur condamnation.
Le sens d'une longue peine
Pierre: Je suis perpète, j'ai déjà fait seize ans. Dans la peine, il y a une phase utile, où l'on comprend qu'on est puni, puis vient une phase où l'on se dit «il faut sortir» et après, c'est la phase régressive, destructive. On monte son dossier de conditionnelle, tout est bien, le l