Question: «La candidature de François Bayrou à la présidentielle vous fait-elle peur?» Réponse unanime, à droite comme à gauche: éclat de rire général agrémenté de remarques du genre «François qui?» Puis, après un temps: «C'est Jospin qui devrait avoir peur de Bayrou. Incontestablement, il va prendre des voix à gauche avec son discours social. Tous ceux que le dogme socialo-communiste effraie peuvent se retourner», prétend un député chiraquien. Un «collègue» socialiste fait exactement l'analyse inverse: «Chirac va tenter de nous refaire le coup de la fracture sociale. Il fait le pari que pour gagner la présidentielle, il doit grignoter au centre. Il va donc manger de la laine sur le dos des centristes.» Bref, Bayrou n'inquiète personne mais sert tout le monde...
Déstabilisation. Si l'entourage de Jacques Chirac feint d'ignorer le candidat centriste, l'Elysée a usé de plusieurs stratégies pour tenter de le déstabiliser. D'abord, les conseillers du président de la République ont réussi à débaucher des responsables centristes. C'est le cas de Jacques Barrot. Le député de la Loire participe activement avec des gaullistes (Dominique Perben et Michel Barnier) et libéraux (Jean-Pierre Raffarin) au club Dialogue et Initiatives. Cette structure tient des réunions thématiques censées alimenter, le moment venu, le programme chiraquien. Autre centriste attiré par la machine élyséenne: Renaud Dutreil, député de l'Aisne. Lui est embarqué avec Dominique Bussereau (DL) et Hervé Gaymard dans