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Libération
Interview

Noël Mamère «On a fait un coup, on a retourné nos vestes»

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publié le 2 mai 2001 à 0h44

1981: présentateur de «C'est la vie» sur Antenne 2 (photo)

2001: député vert

Le 10 mai 1981, je suis parti de chez moi à bicyclette pour rejoindre Antenne 2 où j'allais participer à la soirée électorale. Lorsque je suis passé devant la rue de Solférino, j'ai senti qu'il se passait quelque chose. Il était cinq heures de l'après-midi et, en arrivant rue Cognacq-Jay, un des mes amis journalistes m'a dit: «Ça y est, on a gagné, les sondages le disent.» A Antenne 2, tout était quasiment muet et vide. Jean-Pierre Elkabbach était enfermé dans son bureau. La soirée s'est déroulée dans une atmosphère très particulière: on sortait de vingt ans de gaullisme et de giscardisme, en fait personne n'osait laisser éclater sa joie parce qu'il y avait encore une grosse chape de plomb sur les journalistes.

Ensuite, il y a eu beaucoup d'effervescence, des gens de la rédaction qu'on n'avait jamais entendus se manifestaient, il y avait des procureurs, bref, ce qu'on peut imaginer dans une période non pas de révolution mais de mutation. Et voilà que le Figaro s'est mis à critiquer ce qui se passait à Antenne 2, qui était la rédaction la plus agitée et la plus dynamique, en disant que nous retournions nos vestes et en nous traitant de soviet! Alors, à peu près une semaine après le 10 mai, dans l'émission que je présentais tous les soirs à 18 h 30, j'ai décidé d'en rajouter une louche. Profitant du flottement général et de l'espace de liberté nouveau, j'ai dit aux copains qui étaient avec moi sur le pla