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Libération
Interview

Philippe Maurice: «J’ai eu la certitude de rester en vie»

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Ils racontent leur 10 mai 1981
publié le 3 mai 2001 à 0h45

1981: condamné à mort le 28 octobre 1980, gracié par François Mitterrand le 25 mai 1981.

2001: 44 ans, libéré en mars 2000, après une thèse d’histoire passée en prison.

Le 10 mai 1981, j’ai 24 ans, je suis au quartier des CAM à Fresnes. J’ai su ce que cela signifiait quelques jours après mon arrivée, le soir du verdict, en lisant ce sigle sur la tranche du registre des matons. J’ai demandé à un gardien. Il m’a répondu: condamné à mort.

J'ai été enchaîné jour et nuit, les mains et les pieds, chaque mouvement entaillait la chair. Ce n'est plus le cas. Un maton, ils sont trois à se relayer, me surveille 24 heures sur 24 par une ouverture avec des barreaux, donnant dans la salle de garde. La lumière est allumée en permanence, tous mes faits et gestes, manger, boire, dormir, aller aux toilettes, sont consignés sur le registre par le gardien assis dans la salle, sur une chaise. Je suis en tenue pénale grise, dans une cellule de 10 mètres carrés, dont le dernier occupant a été exécuté. Il y a un lit, un tabouret et une tablette scellés dans le sol, des waters et un lavabo. Je n'ai droit à aucun objet personnel, même pas du papier hygiénique.

Mais il y a une radio, posée dès que je le demande dans l'ouverture. Et le 10 mai, bien sûr, j'écoute la radio. Je sais que Giscard veut ma tête, non pas parce qu'il a quelque chose contre moi, je n'existe pas pour lui, insignifiant gosse de banlieue, mais pour des raisons politiques. La majeure partie des Français est pour la