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Culture : modes et travaux de roi.

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publié le 4 mai 2001 à 0h45

Le 10 mai au soir appartient au peuple de gauche, mais, dès le 21 mai, une cérémonie inaugure la Mitterrandie : le Président outrepasse les rites attendus de sa prise de fonction en rendant visite aux «Grands Hommes». Pénétrant au Panthéon, puis en ressortant, il propose une mise en scène : comment entrer vivant dans l'Histoire, comment occuper en direct la postérité ? «Il voulait ressembler aux morts», écrira même Kundera dans l'Immortalité, pointant cette manie de grandeur qui se voulait éternelle.

Est-ce un âge d'or monumental qu'ouvre le 10 mai ? Car le projet du Grand Louvre est rêvé dès les semaines qui suivent l'élection et annoncé lors de la première conférence de presse présidentielle, le 26 septembre 1981. Mitterrand forge une politique de grands travaux et s'appuie habilement sur une jeune génération d'architectes promue par Jack Lang qui fait alors feu de tout bois.

A Nouvel l'Institut du Monde arabe, à Portzamparc la Cité de la musique, à Perrault la Bibliothèque nationale de France. Auxquels il faut ajouter quelques stars internationales : Pei au Grand Louvre, Spreckelsen à l'Arche de La Défense, Ott à l'Opéra-Bastille.

Mitterrand s'entoure de conseillers qui encadrent son désir monumental, organisent les concours, échafaudent les budgets, mènent les projets à la hussarde et évitent les dérapages qui, sur un sujet aussi sensible, menaçaient de verser dans le droit d'inventaire. Ainsi stimulé et entouré, Mitterrand aura laissé sa marque : une griffe furieusement mo