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Interview

Emile Biasini : «Voulez-vous faire le Grand Louvre?»

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1981: haut fonctionnaire. Conseiller de Jacques Chaban-Delmas à l'Aménagement en Aquitaine 2001: retraité
publié le 4 mai 2001 à 0h45

Le 10 mai, j'étais à Bordeaux, tranquille. C'est la première fois que j'ai voté pour Mitterrand. Je suis gaulliste, de la résistance pas de la politique, et Mitterrand était tout de même un anti-de Gaulle. Je ne le connaissais pas, mais j'avais été accoutumé à lui par Gaëtan Picon, qui m'en parlait quand on était chez Malraux, au ministère des Affaires culturelles.

En 1981, je travaillais avec Chaban-Delmas, en Aquitaine, à l'Aménagement du territoire. Dans les Landes, j'avais rencontré les maires de Boucau, de Moliets, autour de Latché. Un jour, le 12 mars 1982, je m'en rappelle, le maire de Moliets m'appelle: «Mitterrand veut vous voir.» Il m'emmène dans sa Jeep jusqu'à Latché. Le Président taillait ses rosiers. Il m'a tendu la main comme s'il m'avait vu la veille: «Bonjour, monsieur Biasini, voulez-vous faire le Grand Louvre?» Je réponds: «Je ne sais pas bien ce que c'est, mais je suis d'accord.» Il reprend ses cisailles: «Très bien, Jack Lang vous contactera. Au revoir.» Ça a duré trente secondes. J'ai su que le projet était dans la tête de Mitterrand depuis l'été 81, que Lang avait fait une note au Président sur ce sujet en juillet. Paul Guimard et Robert Lion ont parlé de moi à Mitterrand, qui a dû aussi se renseigner auprès des gens du pays. C'est tout à fait lui, ça.

J'ai attendu la convocation de Lang. Six mois... J'avais été directeur du théâtre, sous Malraux, quand, tout jeune, il s'occupait du festival de Nancy. Je devais faire figure de vieux bonze pour lui. En mê