Dans les conclaves socialistes, il est un indice qui ne trompe pas: lorsque Pierre Mauroy s'en mêle, c'est que l'heure est grave. Mercredi, lors de la réunion à huis clos du bureau national du PS, l'ancien Premier ministre a dénoncé le silence de ses camarades sur la construction européenne. Réjoui que l'Allemagne fasse «de la politique» et «s'intéresse de nouveau à l'Europe», Pierre Mauroy a exhorté le PS à ne pas traiter les déclarations du chancelier Gerhard Schröder (lire page 13) comme «un non-événement». «Nous devons formuler nos propres propositions, produire de quoi nourrir un dialogue», a insisté le sénateur du Nord. En face de lui, Henri Emmanuelli a bu du petit-lait. L'ex-patron du PS venait de déplorer le mutisme de la Rue de Solférino et d'insister sur la nécessité d'«avancer vers le fédéralisme».
En privé, François Hollande souhaite bien une «prise de risque» dans deux directions: en matière sociale, sous la forme d'une charte garantissant le rôle des organisations syndicales et de la négociation collective à l'échelle européenne, et sur le plan de la politique de sécurité, domaine de prédilection pour redonner l'initiative à la France face à l'Allemagne. Mais, dans l'attente de la bonne parole jospinienne (lire ci-dessus), le leader du PS est condamné au silence.
Voeux pieux. Ainsi, à Berlin, il se contentera demain d'exhorter à «politiser» l'enjeu européen. François Hollande défendra une dizaine d'amendements. Les deux principaux réclament l'adoption de la dire