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Libération

(6) Nationalisations La grande peur du rouge

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publié le 8 mai 2001 à 0h48

La gauche au pouvoir devait «changer la vie». Pour certains, les patrons et actionnaires de grandes entreprises, cela signifie d'abord: abandonner la place. François Mitterrand n'a pas repris à son compte la longue liste de nationalisations du Programme commun. «Seulement» 36 grandes banques et 5 grands groupes industriels et de médias sont visés, dont la CGE (devenu Alcatel), la sidérurgie, Pechiney, Rhône-Poulenc, Dassault, Matra, ainsi que Paribas et Suez... Suffisamment pour faire peur aux investisseurs et aux possédants. Tout au long de la campagne électorale, les fuites de capitaux se sont accentuées. Mais, le lundi 11 mai, c'est la ruée. La Banque de France défend la monnaie, en rachetant des devises. Cela coûte cher. Ni Valéry Giscard d'Estaing, ni Raymond Barre n'ont donné suite aux demandes pressantes de Jean-Yves Haberer, directeur du Trésor, d'adopter des mesures pour combattre la spéculation. Il faudra donc attendre le 21 mai, jour de la prise de fonction officielle de François Mitterrand, pour que Pierre Mauroy prenne les décisions qui s'imposent. Par la suite, les nationalisations donneront lieu à une bataille épique, d'abord à l'intérieur de la gauche, qui se déchire sur le périmètre même des nationalisations, ou sur la question du «taux» (100 % ou seulement 51 %) et de l'indemnisation des actionnaires, puis avec la droite qui livre sa première bataille d'opposition, ensuite avec les propriétaires, banquiers, industriels. Cinquante postes se libèrent dans les