1981: président du Crédit commercial
de France (CCF), nationalisable.
2001: retraité, administrateur de sociétés.
On ne peut pas dire que le 10 mai 1981 fut pour moi une journée agréable. Ce n'est pas que j'ai été surpris par l'élection de François Mitterrand. Des sondages confidentiels circulaient. Pendant la journée du 10 mai, je m'en souviens très bien, le téléphone a beaucoup marché. Et, à peu près une heure avant l'annonce des résultats officiels, j'ai appris par des amis, qui avaient les premières estimations en leurs mains, que François Mitterrand était le nouveau président de la République.
J'ai passé une très mauvaise nuit entre le 10 et le 11 mai. Pour moi, cette élection constituait le commencement de la fin de tout ce que j'avais fait à la tête du Crédit commercial de France (CCF). La nationalisation des banques faisait partie du Programme commun de la gauche. Et le CCF, deuxième banque privée française à l'époque, ne pouvait y échapper. Je n'ai pas un seul instant pensé partir à l'étranger. Ma conviction était qu'il fallait que je reste à la tête de mon entreprise, pour continuer à m'en occuper. C'était un devoir pour moi, comme tous les autres présidents des groupes voués à la nationalisation. Et une tâche difficile, dans la mesure où le CCF était une banque qui avait un grand nombre de salariés, un très grand nombre de clients, et beaucoup de relations avec l'étranger. Il fallait enfin que je reste pour défendre mes actionnaires. Certains cercles particulièrement