Mitterrand a beau répéter en privé qu'il vaut mieux enfermer les communistes à l'intérieur du gouvernement que de les laisser vagabonder en plein champ, la grande interrogation diplomatique qui suit le 10 mai concerne sa politique à l'Est. Va-t-il oui ou non rompre avec l'insupportable complaisance manifestée par le «petit télégraphiste» Giscard d'Estaing à l'égard du régime soviétique? Un régime qui, sous les applaudissements obscènes des plus hauts dirigeants du PCF, a envahi l'Afghanistan à la fin de 1979 et poursuit sa politique de répression de la dissidence. On n'eut pas trop longtemps à attendre pour être rassuré: jamais les ministres communistes n'eurent à dire leur mot sur une politique étrangère gérée en direct par l'Elysée. En vertu de quoi Mitterrand devait cautionner l'expulsion de France de plusieurs dizaines de diplomates espions soviétiques, faire le voyage de Bonn pour justifier l'installation des missiles américains Pershing destinés à faire pièce aux SS20 soviétiques menaçant directement l'Europe et se rendre à Moscou pour, notamment, défendre jusque sous les ors du Kremlin un Andreï Sakharov envoyé en relégation à Gorki pour avoir par trop importuné les caciques du lieu.
Ainsi donc les premiers réflexes des apparatchiks brejnéviens, prêts à beaucoup (mais pas à évacuer l'Afghanistan) pour aider à la réélection de Giscard, avaient été les bons de leur point de vue. Même chose pour Georges Marchais et ses proches, qui avaient encouragé discrètement mais en s