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Libération

Quarante ans à attendre justice

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L'épouse de Maurice Audin, assassiné par l'armée en 1957 en Algérie, va déposer plainte.
publié le 10 mai 2001 à 0h49

Josette Audin ne veut pas de «repentance», ce mot «qui a une connotation religieuse, nous n'en voulons pas, ni mes enfants ni moi». Elle réclame d'abord «la vérité, que la France reconnaisse officiellement avoir commis en Algérie des faits horribles et que les responsables soient condamnés». La semaine prochaine, avec Nicole Dreyfus, son avocate, elle va déposer plainte contre X pour «crimes contre l'humanité» et «séquestration». Une plainte qui vise à faire la lumière sur les responsables de l'arrestation et de la disparition de son mari, Maurice Audin, 25 ans, dont le corps n'a jamais été retrouvé. En juin 1957, les Audin vivent à Alger, avec leurs enfants, dont le troisième vient de naître. Un jeune couple de professeurs de maths et de militants, car Maurice Audin est membre du Parti communiste algérien (PCA) et participe à des actions clandestines. A l'époque, les attentats meurtriers se succèdent, Alger est quadrillé par l'armée française. Le 11 juin, des militaires débarquent chez les Audin, emmènent Maurice et tendent, chez Josette, une souricière dans laquelle tombera, le lendemain, Henri Alleg (1).

Avocate. Sans aucune nouvelle, sinon de vagues rumeurs lui rapportant que son époux serait «dans un camp», Josette Audin se dirige vers les avocats qui ont organisé un pont aérien entre Paris et Alger et se relaient pour défendre les membres du FLN et du PCA. L'avocate Nicole Dreyfus est alors de permanence à Alger. Elle se souvient : «C'est là que j'ai re