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Comment Jospin a renoncé à un dogme en 96 heures

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Fin 2000, il lâche le préalable de l'arrêt de la violence.
publié le 16 mai 2001 à 0h53

Alain Peyrefitte vient de mourir. Il avait 74 ans. Matignon prépare un communiqué saluant la mémoire de l'ancien ministre de la Justice. Nous sommes le samedi 27 novembre 1999. Comme souvent, en début de week-end, Lionel Jospin déjeune en tête-à-tête dans la salle à manger de Matignon avec son directeur de cabinet, Olivier Schrameck. Les deux hommes préparent la semaine à venir. Pierre Guelman, conseiller parlementaire du Premier ministre, n'est pas loin. Lui aussi travaille dans son coin. A l'heure du café, il se fait messager et apporte un projet de texte de condoléances à son patron. Le chef du gouvernement en prend connaissance. Puis devise alors librement, avec ses deux interlocuteurs, sur la loi «sécurité et liberté», oeuvre législative controversée du défunt garde des Sceaux. Souvenirs, souvenirs.

Deux attentats. Forcément, ils en viennent à évoquer la situation en Corse. Quatre jours auparavant, l'île a été secouée par deux attentats. En plein jour, à Ajaccio, deux bombes ont soufflé les immeubles de l'Urssaf et de la direction départementale de l'Equipement. Une dizaine de blessés sontà déplorer. Lorsqu'il apprend la nouvelle par la bouche de son aide de camp, Jospin est à Londres. Pour une rencontre avec Tony Blair. Déjà, il confie à Manuel Valls, conseiller en communication qui l'accompagne: «Il faut bouger». Quatre jours plus tard, à Guelman et Schrameck, il réitère la formule qu'il s'auto-adresse: «Il faut bouger». Et il confie, filant la métaphore footbalistique