«Lénifiant» pour les uns, «attristant» pour les autres, «flou» de l'avis général : hier, au sortir de la Commission des finances, les députés étaient remontés contre Laurent Fabius. Auditionné pour éclairer le débat budgétaire à venir, le ministre de l'Economie a trop souvent botté en touche. «En matière économique, comme en matière budgétaire, il aurait pu tenir le même discours il y a six mois, et c'est pire pour 2002», s'énerve le RPR Philippe Auberger.
Deux erreurs. Fabius marche sur des oeufs. A quelques mois des élections, le dernier budget du gouvernement Jospin ne doit pas ternir le bilan économique de la législature. Or le ralentissement américain pèse sur la croissance française. En 2001, cette dernière sera vraisemblablement plus proche de 2,7 % que des 2,9 % espérés il y a encore trois mois, et a fortiori des 3,1 % prévus dans la loi de finances pour 2001. Fabius ne nie pas l'évidence, il en atténue les conséquences : «Il faut éviter deux erreurs : faire comme si ça n'existait pas, c'est la raison pour laquelle j'ai été amené à réviser les prévisions de croissance. L'autre erreur serait de surréagir.» Façon pour le patron de Bercy de protéger ses arrières. De fait, les recettes de l'Etat risquent, en 2001, d'être inférieures de 15 milliards de francs aux prévisions, «l'épaisseur du trait», dit-on à Bercy. L'ennui, c'est qu'en 2002 le «trait» pourrait grossir dangereusement, à moins que le gouvernement ne rogne le plan de baisses d'impôts présenté en grande pompe l