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Bollardière, le général qui a dit «non».

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Quarante-cinq ans après les premiers témoignages sur la torture, la guerre d'Algérie a resurgi dans les mémoires. Pendant une semaine, «Libération» revisite cette histoire. Demain, la question de la transmission à travers trois familles.
publié le 14 juin 2001 à 1h14

Aussaresses Vs Bollardière, l'infâme contre le saint? L'un se vante d'avoir tué et torturé durant la guerre d'Algérie, alors que l'autre demanda à être relevé de son commandement pour ne pas avoir à cautionner de telles pratiques. Deux histoires d'officiers, deux cas limites qui balisent tout l'éventail des réactions de militaires plongés dans une sale guerre. Sans doute plus qu'Aussaresses, Jacques Pâris de Bollardière ­ mort en 1986 ­ reste une figure importante de la guerre d'Algérie. «A quand une promotion Bollardière à Saint-Cyr?», demandait souvent le général Georges Buis (1). Simone, sa veuve, est aujourd'hui l'une des «Douze», le groupe de personnalités (avec Pierre Vidal-Naquet, Germaine Tillion, Henri Alleg, etc.) qui demande que «toute la vérité soit dite sur la torture».

La lettre est datée du 7 mars 1957, en pleine bataille d'Alger (2). Signée par le général de brigade de Bollardière, elle est adressée au général d'armée Salan, commandant interarmées de la 10e région militaire (Alger). «Convoqué ce jour à dix heures par le général Massu, j'ai été obligé de prendre nettement conscience du fait que j'étais en désaccord absolu avec mon chef sur les méthodes employées. [...] J'ai donc l'honneur de vous demander d'être immédiatement relevé de mes responsabilités.» Ce courrier fait l'effet d'une petite bombe. «Bollo», comme l'appellent les militaires, n'est pas n'importe qui. Compagnon de la Libération, grand officier de la Légion d'honneur, ancien SAS, commandant des