Il ne lui reste plus qu'à l'annoncer. Choisir le moment. Trouver les mots. En faire un événement. François Bayrou travaille à son propre avènement. A l'assouvissement d'un destin qu'il croit messianique. Le président de l'UDF en est persuadé : il est programmé pour l'Elysée. Pas seulement pour s'y présenter. Mais pour s'y installer. Il est le «troisième homme». Le recours des déçus de Chirac. L'alternative des insatisfaits de Jospin. Le seul «autre candidat généraliste», comme l'analyse Jean-Louis Borloo, député du Nord et ami du Béarnais qui ose un pronostic: «En janvier, si François est à 12 %, il a gagné. Il peut l'emporter.»
Pour le moment «François» culmine à 5 %. Les victoires aux municipales de Blois, Drancy, Strasbourg l'avaient quelque peu dopé: les sondages le créditaient de 6,5 points, le double d'Alain Madelin. Mais le soufflé est vite retombé. Les deux hommes sont désormais à égalité. Bayrou n'a pas cherché à capitaliser l'après-municipales. Il prétend avoir le temps, ne veut rien précipiter. Comme s'il avait peur de s'engager. Comme s'il craignait de se mettre en danger. Comme si une pudeur rentrée l'empêchait de totalement se dévoiler. De se mettre à nu. «La présidentielle c'est comme les Jeux olympiques, catégorie natation, s'amuse un des membres de sa garde rapprochée. François est prêt à plonger. Mais il est encore en costume.»
«Taper Chirac.» La métamorphose n'est donc pas totalement achevée. Pourtant, François Bayrou y met du sien. En deux ans, il a réussi