On appelle ça jouer contre les siens. Le ministre de l'Economie a estimé, hier, «à titre personnel», que le dispositif sur les licenciements adopté mercredi par les députés suscite des «questions sérieuses», quant à son «adaptation» à l'économie moderne, son «interprétation juridique» et son «impact sur l'emploi». Un commentaire qui n'a pas été du goût de ses amis. «Que le ministre de l'Economie défende l'intérêt des entreprises, cela semble normal; mais il doit comprendre que le fait que la gauche plurielle défende l'intérêt des salariés est tout aussi légitime», a répliqué Vincent Peillon, porte-parole du PS, qui a regretté que le locataire de Bercy n'ait pas été «pédagogiquement plus positif». «Il arrive» au ministre de l'Economie «d'être sensible aux idées libérales», a ironisé de son côté Robert Hue. Ce dernier en a profité pour critiquer «certains aspects du budget que prépare actuellement Laurent Fabius». La droite n'a pas manqué d'exploiter la différence fabiusienne. Serge Lepeltier, secrétaire général du RPR, s'est «étonné des dysfonctionnements à l'intérieur du gouvernement»: «Le passage de la majorité plurielle à la majorité querelle ne fait que s'amplifier», a-t-il jugé.
Passant de la critique implicite au dénigrement ouvert, Laurent Fabius a aussi critiqué hier les conclusions d'une étude sur l'impôt sur le revenu, publiée par le Conseil d'analyse économique (voir Libération du 14 juin). Il est vrai que le document épingle sévèrement la baisse des taux supérieurs