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Libération

«Avoir entendu crier un gosse torturé et rire grassement les copains».

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En novembre 1959, 40 questions furent posées aux appelés de retour d'Algérie. Extraits de leurs bouleversantes réponses.
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publié le 16 juin 2001 à 1h16

Mauvais souvenir

- Voir les camarades déchiquetés par une mine.

- La façon dont on traite blessés et cadavres algériens.

- 38 morts rebelles empilés dans un camion et montrés à tout un village.

- Atrocités rebelles.

- La mort des copains.

- Exposition sur la place d'un village du cadavre d'un fellagha.

- Torture: une séance qui fut la dernière et la première faite dans ma compagnie.

- Me promenant dans une rue de la ville, j'ai caressé la tête d'un enfant qui avait 6 ou 7 ans. Celui-ci m'a mordu cruellement la main, me disant: «Français tous méchants, moi pas aimer.»

- D'avoir participé à l'évacuation et à la destruction d'un village. Le suicide d'un camarade après son retour.

- Tortures au camp sur de simples suspects.

- Ma présence forcée à l'interrogatoire d'un rebelle soumis à la torture (électricité) par des bourreaux, tous militaires de carrière: un commandant, un capitaine, un lieutenant.

- Voir des rappelés et des hommes de la DST s'amuser avec des cadavres de soldats FLN (tirer dedans, plaisanteries obscènes) en face de suspects.

- J'ai bu l'huile d'une boîte de sardines pour essayer de faire disparaître ma soif.

- Avoir entendu crier un gosse qu'on torturait, et rire «grassement» les copains devant ce gamin...

- La mort en un mois de 40 jeunes soldats du régiment (avril-mai 1957). Les représailles barbares des mêmes mois.

- Les cadavres obstinément mutilés par les rebelles.

- Un vieillard, une fillette assis sur le bord de la route. Des soldats qui rient, qui les ont tués.

- Au reto