Hulot et Chirac, c'est comme si le Zambèze et la Corrèze avaient mêlé leurs eaux, au confluent du grandiose et du cantonal. Improbable duo où s'imbriquent intérêts croisés et affection père-fils, étonnant attelage où celui qui tient les rênes n'est pas forcément celui qu'on croit. Girouette-Jacques qui se convertit sur le tard à l'écologie et qui évoque le télé-aventurier comme son inspirateur principal. Audimat-Nicolas moins risque-tout et plus nature qu'avant, qui mène croisade pour la survie de la planète et qui s'enchante de voir le Président venir sur son terrain, tout en se méfiant des habituels têtes-à-queue du grand vireur de bord. Hulot: «Il nous a séduits à l'oral, on l'attend à l'écrit.» Histoire que la fracture écologique ne connaisse pas le sort de la fracture sociale et ne tourne pas au nouvel attrape-gogo, Hulot insiste: «On sera nombreux à lui rappeler ses dires.» Et c'est comme si on se parlait de puissance à puissance. Comme si le Cousteau du XXIe siècle, le TF1-commandant, ne craignait en rien l'intérimaire de la démocratie, le locataire des palais décrépis. Comme si le Dorian Gray de la télé en extérieur, que les derniers sondages bombardent successeur idéal de Voynet (1) quand lui joue les coquettes incompétentes, comptait bien mener à la baguette le tribun fourbu, pas mécontent de serrer des mains pour éviter d'avoir prise sur autre chose.

Hulot et Chirac, c'est une histoire de treize ans. 1988. Chirac s'ennuie dans sa mairie. Hulot est