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Portrait

Kamel Msaddek. Roulée jeunesse

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Kamel Msaddek, 24 ans, emploi-jeune en Seine-Saint-Denis.Il craint que ses compétences acquises débouchent sur une impasse.
publié le 22 juin 2001 à 1h19

«Pas de portrait, s'il vous plaît.» Sa voix est douce mais le ton est sans appel. Dommage, il avait pourtant des choses à dire. Négociations, compromis: «Ce que je veux absolument éviter, c'est de donner l'impression d'être un emploi-jeune isolé. On est quand même 300 000. Alors le portrait, ça devrait être tout le monde ensemble.» C'est-à-dire au moins la quinzaine de collègues réunis dans son collectif du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. «Une zone classée sensible», précise Kamel, mais les friches et les stats de l'ANPE parlent pour lui. Il reçoit dans son gymnase municipal, au milieu des gosses dont il s'occupe, et installe tranquillement sa grande carcasse en haut des gradins. En short à carreaux, tee-shirt municipal et baskets, puisqu'il est «assistant sportif», il commence tout seul à parler de son métier. Heureux d'avoir réussi dans l'encadrement des enfants, «presque une vocation». Heureux mais inquiet de voir que «les politiques sont en train de lâcher doucement le dispositif». Heureux mais angoissé comme un emploi-jeune en fin de contrat.

Car il fait partie de la promotion 1998, celle qui devra sans doute partir d'ici deux ans. Et il déteste le terme «emploi-jeune». «Trop péjoratif», cette étiquette qui voudrait dire: attention, jeunes travailleurs créés et assistés par l'Etat. «Emploi-jeune, ce n'est pas un métier», dit-il comme une évidence. Non, ce nouveau type de salarié n'est pas condamné à être le gentil jeunot souriant à l'accueil. «Un cliché, un de plus»,