Depuis quelques mois, l'Afghanistan fait une apparition remarquŽe ˆ la une des mŽdias. Des campagnes de sensibilisation de l'opinion dŽnoncent la dictature moyen‰geuse des taliban, les discriminations ˆ l'encontre des femmes, la destruction du patrimoine culturel afghan et notamment les bouddhas de B‰my‰n. Elles appellent aussi ˆ la mobilisation des pays occidentaux pour accro”tre l'aide en faveur de la population afghane dŽsormais affectŽe, selon les Nations unies, par Çla pire sŽcheresse que l'Afghanistan ait connu depuis trente ansÈ et menacŽe par Çune famine sans prŽcŽdentÈ. Si on doit se rŽjouir de cette mŽdiatisation autour d'une crise restŽe trop longtemps oubliŽe, il faut nŽanmoins regretter la prŽsentation qui en est faite.

Alors que les combats entre les taliban et les forces de l'opposition placŽes sous les ordres du commandant Massoud se multiplient dans le nord du pays et dans la rŽgion centrale de l'Hazarajat, les Afghans qui fuient leur village sont prŽsentŽs comme des dŽplacŽs de la faim ou des rŽfugiŽs de la pauvretŽ.

L'image qui se dessine de la crise souligne certes la gravitŽ de la situation alimentaire et les discriminations inacceptables dont sont victimes les femmes afghanes, mais minimise les effets de la guerre et les persŽcutions ˆ grande Žchelle dont souffrent de nombreux Afghans, en particulier les membres de minoritŽs religieuses (Hazaras, Ouzbeks, Tadjiks), mais elle oublie leurs besoins de protection et d'assistance, en Afghanistan m?me et dans l