Les municipales ont confirmé la désaffection des habitants des quartiers populaires pour les élections, fussent-elles locales. Qu'est-ce que cela révèle de leur vision de la politique? «Libération» est allé questionner les cités de quatre villes de France. Premières réponses à Gennevilliers.
"Vous cherchez l'électorat populaire? Vous tombez bien, à Gennevilliers, il n'y a quasiment que ça», s'amuse Yves Schébat, chargé de la communication d'une municipalité tenue par le PCF depuis 1934. Drôle de ville communiste, où les mots «patronat», «Medef» ou «gouvernement» semblent exclus du vocabulaire politique des passants. Et où les gens ne votent pas. Aux municipales, les résultats ont montré que le bastion rouge ne reposait plus que sur une tête d'épingle: 66 % au premier tour pour le candidat PC, Jacques Bourgoin... mais avec 50 % d'abstention et seulement 5 700 voix pour 18 326 inscrits et 42 000 habitants. «J'ai calculé que le maire a été élu par 17 % de la population en âge de voter», indique Gilbert Wasserman, vieux Gennevillois et directeur de la revue de gauche Mouvements. 5 700 voix quand la commune compte 1 500 employés municipaux et le PC un gros millier d'adhérents... La population, presque uniformément modeste, avec ses 15 % de chômeurs et ses 13 600 personnes non imposables, est électoralement anesthésiée.
«Moyens dérisoires». «De toute façon, la politique française, ça nous passe au-dessus de la tête», justifie un emploi-jeunes. «Que ce soit la gauche ou la droite, il