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A Rillieux, l'amertume de la cage d'escalier

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Les habitants d'une HLM de la banlieue lyonnaise expriment leur rancoeuret leurs désillusions.
publié le 4 juillet 2001 à 23h58

Rillieux-la-Pape envoyé spécial

Les municipales ont confirmé la désaffection

des habitants des quartiers populaires pour

les élections, fussent-elles locales. «Libération»

est allé questionner les cités de quatre villes de France.

>Place Renoir, dans le quartier de la Ville nouvelle, à Rillieux-la-Pape (Rhône). Dans cette cité de 19 000 habitants, moins de 4 500 ont voté aux dernières municipales pour réélire au premier tour le PS Jacky Darne, avec 53,6 % des voix sur toute la ville mais seulement 12,5 % sur le quartier. La droite avait pourtant fait alliance avec d'anciens Front national, mobilisant l'attention médiatique locale et nationale. En réaction, les manifestations ont mobilisé de nombreux militants, mais très peu d'habitants.

Comme dans la plupart des quartiers populaires français, le lien à la politique se trouve de plus en plus distendu. Visite d'un immeuble de cinq étages, pour écouter ce que ses dix familles pensent de la politique.

Devant l'entrée d'abord, une poignée d'adolescents tiennent les murs. Ici, on dit qu'ils «rouillent». Ils ont l'âge de voter, mais aucun d'eux ne vote. Quelqu'un ouvre le bal: «La politique, j'm'en bats les couilles.» Puis une rafale d'amabilités suit, vouant au même sort élus et journalistes. En insistant pourtant, ils dévoilent d'abord un rapport très utilitaire aux urnes.

Alim, 21 ans: «Qu'est-ce que ça va me rapporter d'aller voter?» Mustapha, 19 ans: «Une voix de plus ou de moins, ça change quoi?» Les questions sur la politique leur