Ajaccio envoyé spécial
Tambour en bandoulière, des grognards ont pris place sur le perron de la mairie d'Ajaccio. Une garde d'honneur qui ne parade que pour les grandes occasions et, ce soir-là justement, la nouvelle municipalité reçoit avec faste le président de la région de Marrakech. La vieille garde, celle du dernier carré bonapartiste qui régnait sans interruption sur la mairie d'Ajaccio depuis plus d'un demi-siècle, a dû déposer les armes lors des municipales de mars. A la tête d'une liste de gauche plurielle, Simon Renucci, surnommé «Tonton Simon» par tous les enfants que ce pédiatre a vu défiler dans son cabinet, a battu le maire sortant, Marc Marcangeli. Avec l'aide d'un descendant de la famille impériale, en l'occurrence le prince Charles Napoléon, adjoint au nouveau maire. «Les bonapartistes prétendaient incarner la tradition napoléonienne, eh bien, nous allons la continuer», assure, sourire en coin, celui que l'on ne peut soupçonner de vouloir remettre en cause le culte voué au grand homme ajaccien. Ce changement de majorité prend des allures de petite révolution à l'échelle de la Corse, car il marque la fin d'un système de gestion fondé sur le clientélisme, parvenu à bout de souffle.
«Le vieux clan a perdu sa toute-puissance. La seule préoccupation de l'ancienne équipe c'était de gagner les élections, pas de gérer la ville», résume Charles Napoléon. Ce qu'une simple visite guidée des locaux suffit à confirmer. Juste à côté du bureau du maire, celui des élections,