Bercy passe aux aveux. Hier, le ministère de l'Economie a officiellement reconnu ce qui, pour les experts, relève du secret de Polichinelle depuis plus d'un mois: le déficit budgétaire sera en 2001 supérieur à ce que prévoyait la loi de finances votée fin décembre, à savoir 186 milliards de francs.
Dérive. L'Elysée a dégainé plus vite. Samedi, Jacques Chirac, qui, le 14 Juillet 1999, avait lancé l'affaire de la «cagnotte», a de nouveau appuyé là où ça fait mal: «Je crois qu'il est essentiel d'avoir une politique sérieuse, de remettre de l'ordre dans la maison, c'est-à-dire de diminuer nos déficits qui sont les impôts de demain», a assené le chef de l'Etat. Pour désamorcer la critique, Bercy est contraint d'admettre le probable dérapage, façon de dégager sa responsabilité.
De fait, selon l'entourage de Fabius, la dérive du déficit ne sera pas imputable à un surcroît de dépenses: la norme de progression des dépenses de l'Etat (0,3 % en volume pour 2001) sera tenue. En revanche, les mauvaises nouvelles qui s'accumulent sur le front des rentrées fiscales laissent mal augurer de l'exécution budgétaire. Le manque à gagner de recettes pourrait atteindre en fin d'année 25 milliards de francs, et non pas 15 milliards comme le prévoyait jusqu'à présent Bercy.
Essouffler. Ces moins-values fiscales s'expliquent par le moindre rendement de trois impôts. D'abord, l'essoufflement de la croissance affecte d'une dizaine de milliards de francs les rentrées provenant de l'impôt sur les sociétés.