Menu
Libération
Interview

Miguel Benasayag «Pour ces militants, résister c'est créer»

Article réservé aux abonnés
Le philosophe Miguel Benasayag évoque les origines du mouvement:
publié le 21 juillet 2001 à 0h08

Philosophe et psychanalyste, Miguel Benasayag (1) explique l'originalité de ces mouvements multiples et diffus qui ont émergé un peu partout dans le monde.

Des banderoles de toutes origines, des slogans dans toutes les langues, les manifestants qui se retrouvent désormais presque systématiquement autour des grands sommets du type de ce G7/G8 à Gênes ont-ils des points communs?

Ces mouvements sont multiples, diffus et émergent sous des formes très variées sur au moins trois continents. Mais ils ont un point commun: ils ne visent pas le pouvoir, au sens où ils ne pensent pas le changement par le haut. Ils savent que ça ne sert à rien de demander au pouvoir d'être plutôt comme ci, ou plutôt comme ça. Dans le monde entier, chaque fois qu'un parti qui promettait une alternance est arrivé aux commandes, son premier geste a été d'avouer son impuissance. «Nous aurions bien voulu, mais c'est impossible.» Alors aujourd'hui, contrairement à la contestation des décennies précédentes qui répétait «il-n-y-a-qu'à-faut-qu'on», ce mouvement est beaucoup plus réaliste et tient compte de cette complexité du monde. Plutôt qu'adhérer à un parti ou voter à l'extrême gauche comme une fin en soi, cette nouvelle radicalité occupe des terres, investit des appartements vides, construit de nouvelles formes de sociabilité ou des systèmes d'économie parallèle. Pour eux, résister c'est créer.

Lors de ces manifestations, on se focalise sur la lutte, mais ce n'est qu'une des formes de ce mouvement, pas l'élément essentiel. Je vous parle d'autant plus facilement que j'ai participé en Argentine dans les années 70 à tout le mouvement de résistance contre la dictature. On vient encore de le constater vendredi à Gènes, l'attitude de