Lille envoyée spéciale
«La question est de savoir si certains responsables veulent faire voter pour monsieur Chirac»: Dans le train qui le ramène de Lille, Laurent Fabius ne cache plus son agacement. Les propos tenus par Robert Hue dimanche soir sur France 2 l'ont pris à froid. En dénonçant «la pression libérale très forte qui s'exerce sur le gouvernement, y compris en son sein», le leader du PCF l'a implicitement désigné comme le fauteur de trouble au sein de la majorité. De quoi inciter le ministre des Finances à rompre avec l'habituel ton patelin du Parti socialiste à l'égard de l'allié pluriel: «Personne ne gagnera rien à reprendre la thématique "bonnet blanc, blanc bonnet" de l'extrême gauche.»
Critiques. La «petite musique» de Fabius ne supporte pas les fausses notes. Prenant hier prétexte de l'envoi des premières lettres-chèques aux bénéficiaires de la prime pour l'emploi (PPE) décidée en janvier, Laurent Fabius a répondu, au cours d'une visite à la trésorerie générale du Nord, aux critiques de Robert Hue: «Je pense qu'un gouvernement et, si l'on veut bien personnaliser les choses, un ministère des Finances [...] qui propose et fait voter, pour la première fois, que 8 millions de foyers qui ont des ressources modestes puissent bénéficier d'un plus, quand on est de gauche, c'est quelque chose de positif.»
Une heure plus tôt, Martine Aubry, venue accueillir Laurent Fabius en gare de Lille, ne s'y était pas trompée: «C'est vrai qu'elle tombe bien cette prime», glissait