Un tracteur vert fait désormais office de cheval de bataille. Les cheveux tombent encore de part et d'autre de ses grosses lunettes, le long des épaules, mais ils sont gris et blancs. Depuis une vingtaine d'années, la célèbre féministe américaine Kate Millet plante des sapins dans l'Etat de New York. En 1970, elle voulait «créer une nouvelle écriture féminine, directe et honnête, sans tabous ni honte» en publiant la Politique du mâle. Puis scandalisait, avec le roman la Cave, l'histoire d'une adolescente séquestrée et torturée dans une cave, ou en assumant son homosexualité. On la retrouve à 65 ans dans le documentaire de Léonore Paurat. Kate Millet a plus de mal à se déplacer, s'essouffle en montrant ses sculptures, mais ses terreurs et ses révoltes sont les mêmes: celles de la censure, de l'incarcération «des fous, des personnes âgées, des prisonniers», elle qui a plusieurs fois été internée en hôpital psychiatrique par ses proches ou sa famille pour «psychose maniaco-dépressive». Dans sa ferme de l'Etat de New York, où passèrent Doris Lessing et Simone de Beauvoir, elle continue ses expériences communautaires: chaque été, des femmes artistes viennent y vivre, retaper la ferme et créer. A New York, elle vit dans le Bowery, un quartier «où les rues appartiennent aux SDF» et milite contre la destruction de ces vieilles bâtisses. «Vivre dans ce quartier m'a permis de ne pas me fourvoyer.» De ne pas oublier ses vieux combats, même si elle en tire aujourd'hui un sombre bilan: «
Critique
Kate Millett, la constante militante.
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par Sonya Faure
publié le 29 août 2001 à 0h30
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