Il n'y a pas plus chaud partisan de la taxe Tobin que le candidat Lionel Jospin. En 1995, l'idée de taxer les opérations spéculatives sur le marché des changes pour doper l'aide au développement figurait dans son programme présidentiel. Lundi soir, 7,5 millions de téléspectateurs ont constaté que le Premier ministre a repris ce credo : le gouvernement défendra l'idée d'une «initiative de l'Union européenne» sur la taxe Tobin lors de la réunion des ministres des Finances, fin septembre. Une promesse qui sent la campagne.
Depuis son arrivée à Matignon, Jospin a pris ses distances avec une taxe dont l'instauration suppose un improbable accord international. «Infaisable», avait dit Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des Finances. «Inapplicable», a renchéri Laurent Fabius, son successeur. En avril, au Brésil, dans son discours sur la mondialisation, Jospin s'était à demi-mot rangé à leur avis. Mieux valait pour lui confier le bébé au Fonds monétaire international. Tollé d'Attac qui a fait de la taxe son cheval de bataille. L'influence de l'association, qui compte dans ses rangs nombre d'élus de la majorité, incite aujourd'hui le candidat Jospin à la prudence.
«A part des raisons de faisabilité, il n'est pas possible pour des socialistes d'être contre la taxe Tobin», admet Vincent Peillon, porte-parole du PS. Fabius avait pourtant tenté de brouiller les pistes il y a deux semaines. Peu soucieux d'user sa crédibilité, il avait lancé l'idée d'«une taxe sur les ventes d'armes». «Di