C'est bien le dernier endroit où l'on s'attendait à voir Jean-Pierre Chevènement faire sa rentrée politique: l'université d'été du Medef (Mouvement des entreprises de France). Il y a encore quelques mois, le Mouvement des citoyens que préside l'ancien ministre de l'Intérieur, proposait à la grande frayeur des patrons de rétablir l'autorisation administrative de licenciements.
Mais justement: depuis qu'Ernest-Antoine Seillière et Denis Kessler ont pris les rênes de l'organisation patronale, les rencontres de Jouy-en-Josas sont l'occasion pour les chefs d'entreprise de se faire des frissons avec des invités inattendus. Daniel Cohn-Bendit avait fait leurs délices l'an dernier. Cette année, le président du Medef, après avoir reçu Claude Allègre mercredi, a convaincu son ancien condisciple de l'ENA de se prêter au jeu hier.
Plan B. Le millier de patrons venus débattre des «marchés financiers, créateurs ou destructeurs de valeurs», n'a pas été déçu. En verve, Chevènement défend la taxe Tobin, traite les marchés de «concours de beauté qui ne donne pas la vraie valeur des entreprises» et pourfend l'euro «dont l'erreur est d'en avoir confié la gestion à une banque centrale». «Les marchés financiers sont le plus mauvais système à l'exception de tous les autres», lance un intervenant; Chevènement réplique: «La citation est de Churchill, et elle s'appliquait à la démocratie. Je reste churchillien!» A un autre qui assure que les marchés sont «sur le long terme le meilleur instrument de rég