Il ne renonce jamais. Vingt ans après sa défaite à l'élection présidentielle de 1981, Valéry Giscard d'Estaing s'imagine encore un destin. «Et si?», rêve-t-il. La scène se déroule un dimanche d'été, début juillet à Toulouse, où Philippe Douste-Blazy vient d'être élu maire. En pleine opération de séduction, l'ancien ministre de la Santé a invité l'ex, le président chiraquien de la région Poitou-Charentes, Jean-Pierre Raffarin, et Pierre Méhaignerie, ancien garde des Sceaux UDF, à venir passer la journée au Capitole. Méhaignerie, malade, fait faux bond au dernier moment. Il participera à la réunion consacrée à la décentralisation par téléconférence.
Mépris. Entre deux séances de travail, les trois autres déjeunent. L'ambiance est détendue, Giscard se lâche. Son analyse est simple: Jacques Chirac risque de se retrouver plombé par les affaires et de s'écrouler dans les sondages. Et, selon lui, ce n'est ni François Bayrou ni Alain Madelin qui seront en mesure de fédérer la droite. Il a pour eux le plus grand mépris. Il leur reproche d'avoir bradé sa maison UDF et de ne pas avoir la carrure pour incarner le projet de centre droit qu'il appelle de ses voeux.
Quant à Jacques Chirac, il lui voue une haine tenace. Depuis son élection, il ne cesse de lui glisser des peaux de banane. Il critique la reprise des essais nucléaires en 1995, se gausse de la dissolution, deux ans plus tard, prône l'inversion du calendrier électoral en 2000 et l'incite carrément à s'expliquer devant les juges en