La solution aux maux environnementaux inhérents au monde moderne a été formulée depuis longtemps par un aimable fantaisiste: il suffirait de construire les villes à la campagne pour être quitte de leurs inconvénients. Cela est absurde, bien sûr, puisque cela reviendrait à supprimer la campagne et ses aises. La première réaction à l'explosion de Toulouse a été de cet acabit. Vu le risque des usines chimiques, il fallait les implanter ailleurs. Ailleurs, où? Loin des habitations des hommes, a été la première réponse. Mais cela fait-il sens?
Imaginer des usines implantées loin de leurs employés comme de leurs fournisseurs, de leurs clients aussi bien que de leurs sous-traitants mais aussi, il faut bien y penser, des principaux moyens de secours et d'urgence médicale, c'est tout simplement imaginer des usines qui n'ont jamais existé et qui n'existeront jamais, car l'échec les guette. Une industrie prospère s'appuie inévitablement sur un bassin d'emplois, de compétences et de communications. La résistance passive opposée à l'enthousiasme ardent des brillants aménageurs de la Datar n'a pas d'autre explication. Une usine, c'est un carrefour où se rencontrent des flux de matières, d'hommes, d'idées et de capitaux. L'industrie lourde ne sera jamais une affaire de télétravail.
Aussi bien, dans la catastrophe toulousaine faut-il incriminer au moins autant l'urbanisme que l'industrie. C'est le tissu urbain qui, au fil des ans, a enkysté les installations de l'ex-Onia, pas des ingénieurs p