Avis de gros temps sur le budget 2002. Hier, en montant à la tribune de l'Assemblée nationale, Laurent Fabius a le visage fermé. Depuis le matin, il sait son projet de loi de finances (PLF) pour 2002 sur la sellette. L'opposition, toutes écuries confondues, le brocarde en bloc: l'UDF Pierre Méhaignerie parle de «mensonge d'Etat», pendant que le RPR Gilles Carrez se prépare à défendre l'exception d'irrecevabilité déposée par le président du groupe gaulliste, Jean-Louis Debré. Ce tir de barrage, Laurent Fabius s'y attend. Pour la première fois depuis quatre ans, la droite tient l'occasion de montrer les dents sans déclencher l'hilarité générale.
Prévision. Le ralentissement de l'activité économique, sensible depuis l'été mais manifeste depuis les attentats du 11 septembre, a singulièrement fragilisé la prévision de croissance de 2,5 % sur laquelle le gouvernement a construit le PLF 2002. Le mot d'ordre a suivi, signé de la présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie: «Une hypothèse fausse, c'est un budget faux.» Laurent Fabius aurait sans doute essuyé l'offensive avec plus de sérénité si elle n'avait trouvé écho, hier, chez les alliés du PS. A la surprise générale, le président du Mouvement des citoyens, Georges Sarre, sans doute ému du jugement sévère du directeur de cabinet de Lionel Jospin à l'endroit de son mentor Jean-Pierre Chevènement, a violemment attaqué: «Le gouvernement doit admettre le principe d'un rectificatif au budget 2002: il n'est pas possible de discuter un proje